Le lundi 19 mai, le Collectif de la Nièvre pour la libération d’Erwan et de ses camarades prisonniers politiques, dont la France Insoumise dans la Nièvre est membre, a organisé un nouveau rassemblement devant la Maison d’arrêt de Nevers. Fenua, compagne d’Erwan, a pris la parole expliquant qu’Erwan était auditionné depuis le matin au Tribunal de Paris, que son avocat allait redemander sa mise en liberté.
Jean-Charles Marquiset, co-référent·e Gestion des relations unitaires de LFI58 a pris la parole au nom du Collectif. Nous publions ci-dessous son intervention, ainsi que le texte que Christian Tein, responsable du FLNKS, a envoyé à ses camarades qui tenaient Convention nationale du FLNKS en Kanaky, lu à ce rassemblement par Wilfried Gay.
Chers amis, chers camarades, le Collectif de la Nièvre pour la libération d’Erwan et des prisonniers politiques kanaks vous remercie d’avoir répondu aujourd’hui à notre appel de rassemblement.
Il y a un an, Macron tentait d’imposer le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, la Kanaky, une mesure ayant pour objectif et pour conséquence de rendre minoritaire le peuple kanak sur sa propre terre.
Le 12 mai 2024, plus de 80 000 kanaks ont manifesté dans Nouméa. Le nombre d’habitants de la Kanaky est d’environ 250 000 habitants. Cette mobilisation d’ampleur montre le rejet de la politique colonialiste de l’État français. Depuis 1853, la Nouvelle-Calédonie, la Kanaky, est une colonie française pour que la France reste la deuxième puissance ultramarine du monde.
Il y a 331 jours, Erwan et six de ses camarades, dont deux mamans, militantes et militants du FLNKS et de la Cellule de coordination des actions de terrain, la CCAT et l’Union kanak calédonienne, étaient déporté·es en France et incarcéré·es dans diverses maisons d’arrêt, comme Erwan à Nevers, qui était aujourd’hui entendu au tribunal de Paris en audition.
Les militants kanaks sont des prisonniers politiques parce qu’ils portent une parole politique dans le cadre de la demande d’indépendance de la Kanaky.
Faut-il rappeler que ces militant·es politiques et syndicalistes ont été jeté·es dans des avions, menotté·es, entravé·es, séparé·es de leur pays, de leurs familles et de leurs camarades ?
Le gouvernement français continue de les tenir séquestrés depuis 331 jours, sans jugement. Ces militants kanaks sont des prisonniers politiques parce qu’ils portent une parole politique dans le cadre de la demande d’indépendance de la Kanaky. De même, ce sont 150 manifestants qui sont encore en prison en Kanaky depuis mai dernier. Ceux qui sont libérés ont interdiction de regagner leurs tribus, de retourner dans leurs communes.
Comment le gouvernement français ose-t-il poursuivre cette politique de répression, contre des jeunes, des militants qui revendiquent justice et indépendance. Faut-il rappeler la répression sanglante qui a coûté la vie à 14 personnes dans ces manifestations ? Pour leur rendre hommage, une marche a été organisée, le 13 mai 2025, à Houaïlou en Kanaky.
D’ailleurs, Macron a retiré sa loi sur le dégel électoral, alors, liberté immédiate pour Erwan, pour ces camarades, pour ces jeunes en Kanaky, pour le droit à leur retour à leurs tribus et leurs villages.
Chers amis, chers camarades, on ne peut pas fermer les yeux sur ce que le gouvernement français est en train de faire, en notre nom, en Kanaky. Nous savons que la situation sur place est catastrophique. Nous n’acceptons pas la situation sociale qui s’aggrave sur l’île et leurs conséquences que le peuple kanak subit de plein fouet.
Des collectifs existent dans chaque ville où sont incarcérés ces militants politiques. Des collectifs actifs, des rassemblements, pour rompre avec le silence médiatique de la presse aux ordres.
Il y a aussi, en plus des collectifs, la pétition nationale, signée par 1000 dirigeants politiques, syndicaux, associatifs et le Comité international contre la répression qui s’est rendu, le 12 mai, au ministère de la Justice et qui a trouvé porte close. Ces militants et députés ont organisé, dans la foulée, une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour exiger la libération de tous ces prisonniers politiques.
Aujourd’hui, Solidarité Kanaky et le MKF ont organisé un rassemblement, devant le tribunal de Paris, pendant les auditions des militantes et militants kanaks auditionnés comme Erwan.
Nous ne lâcherons pas cette exigence de libération immédiate.
Nous appelons aussi à la solidarité financière pour soutenir ces militants, comme Erwan, et leur droit à la défense, eux qui sont déportés à 17 000 Km de chez eux.
Solidarité, soutien indéfectible aux militantes, aux militants, à leurs camarades et leurs familles.
Mot d’ouverture du Président du FLNKS, Christian Tein, toujours incarcéré en France à Mulhouse
À la Grande chefferie Ouetcho
Aux autorités coutumières de l’aire Djubea-Kapumë
Cher(e)s responsables politiques, membres du Bureau politique,
Cher(e)s camarades,
Mesdames et messieurs,
Je vous adresse avant toute chose mes salutations respectueuses à l’ouverture die cette convention du FLNKS que j’ai appelé de mes vœux.
A l’heure où j’écris ces lignes, il est crucial d’examiner le contexte politique actuel avec lucidité. De là où je suis depuis 10 mois, je ressens que nos représentants doivent impérativement faire preuve de courage, de ténacité, de témérité, de rigueur et de vigilance à l’approche de la prochaine séquence politique. Il est essentiel de préserver une confiance indéfectible et de souligner les responsabilités qui incombent aux représentants désignés par les structures de terrain, afin qu’ils puissent efficacement porter notre voix lors les discussions sur l’avenir de notre pays.
J’ai eu l’occasion de partager ma position aux responsables du Bureau politique et aux membres de J’équipe de discussion concernant le projet d’accord politique que l’État français a élaboré à la suite des séquences qui ont eu lieu.
À l’occasion de cette convention du Front, c’est à l’ensemble des militant·e·s que je m’adresse.
Lorsque la décision de renouer le dialogue avec la puissance administrante a été prise, il s’agissait avant tout de le faire dans un objectif clair : défendre la trajectoire qui mènera à la pleine souveraineté et à l’indépendance de la Kanaky.
La motion adoptée au 44ème Congrès du FLNKS à Saint-Louis précise que la phase préparatoire de discussions a pour objet de poser les bases des futures négociations à savoir le format, le calendrier, la méthode et le contenu. Beaucoup d’éléments sont inscrits de manière détaillée dans nos travaux et doivent être utilisés face à l’État car le projet d’accord version Valls ne correspond pas à nos propositions mais plutôt à un énième statut au sein de la République, prolongeant ainsi la colonisation pour plusieurs années.
Nos opposants locaux font beaucoup de surenchère à coup d’annonces contradictoires et de lobbying inutile visant à nous déstabiliser et à prendre à leur compte les leviers d’action que nous devrions renforcer. Soyons proactifs et ne minimisons pas leur capacité de nuisance !
Je tiens à rappeler que les rencontres bilatérales sont le format privilégié entre le FLNKS, représentant le peuple colonisé, et ]’État français. Depuis le 12 décembre 2021, date de la 3ème consultation illégitime à l’occasion de laquelle l’État a bafoué les principes du droit international, les modalités ont changé car l’État français et les non-indépendantistes ont décidé de se présenter de manière unifiée, contrairement aux règles établies. Cette décision a engendré une rupture de la posture de neutralité et d’impartialité que l’État s’était engagé à maintenir depuis les accords politiques antérieurs. Dans ce contexte, il est impératif de privilégier le format bilatéral avec la puissance administrante et la supervision de l’ONU.
Je recommande également que la convention du FLNKS acte un renforcement de l’équipe de discussions et de l’équipe technique. Nous entamons une période critique, il faut davantage optimiser nos ressources humaines pour faire face à cette situation. Les affiliations politiques ne devraient pas constituer le principal critère de désignation ; l’accent doit être mis sur la valeur ajoutée que chaque personne peut apporter.
Il est crucial de clarifier notre calendrier face à celui de l’État, et la motion des 4 cocotiers définit précisément le phasage des séquences. La flexibilité des discussions ne doit en aucun cas remettre en question cet élément fondamental de notre trajectoire. La signature de l’ Accord de Kanaky devra intervenir au plus tard le 24 septembre 2025 et devra préciser la date effective d’accession à l’indépendance avant la fin du mandat présidentiel en 2027 incluant une période de transition – la plus courte possible – afin opérer les transformations nécessaires pour faire accéder la Nouvelle-Calédonie – disposant actuellement d’une autonomie renforcée – à un Etat-nation souverain. Le choix des interdépendances interviendra dans un second temps par des accords de coopération.
En ce qui concerne la méthode, c’est notre vision d’un pays souverain qui orientera notre stratégie, et non l’inverse. Par conséquent, j’ai proposé de travailler sur notre projet de société afin de le renforcer et de le mettre à jour. Je veux être clair sur ce point, sans une vision clairement définie par nos valeurs et nos objectifs, nous ne pourrons pas élaborer une stratégie efficace pour sa mise en oeuvre. C’est une évidence : seul un travail rigoureux portera ses fruits. La convention d’aujourd’hui devra formaliser une méthode rigoureuse pour promouvoir un débat constructif sur les aspirations des militants du FLNKS concernant notre pays souverain et atteindre les résultats escomptés.
Enfin, s’agissant du contenu, l’Accord de Nouméa demeure la base des négociations futures. Ainsi, étant donné que nous poursuivons dans la continuité de cet accord, les principaux éléments à intégrer dans l’accord de Kanaky porteront prioritairement sur l’exercice du droit à l’autodétermination, le transfert des compétences régaliennes, le corps électoral citoyen qui deviendra à terme la nationalité ainsi que le statut international de pleine responsabilité. Il est impératif que le processus de décolonisation soit mené à son terme, avec la souveraineté complète comme objectif ultime et condition indispensable à une paix durable pour les habitants de la Kanaky.
Mes cher.e.s camarades, ce doit être le dernier accord avec notre colonisateur : l’accord de Kanaky pour notre dignité et notre souveraineté. C’est cet état esprit qui doit animer chacun d’entre nous en impliquant le respect de soi, de notre peuple et ensuite de nos interlocuteurs. Ces efforts sont un gage de reconnaissance pour le travail légué par nos anciens, un hommage au sang versé pour la lutte et un héritage pour les générations futures.
Je vous demande de mettre tout en œuvre pour que l’ensemble de la mouvance indépendantiste se retrouve aujourd’hui autour de ces enjeux cruciaux et non pas pour des calculs électoralistes en prévision des prochaines provinciales.
La lutte pour l’indépendance de la Kanaky doit être poursuivie jusqu’à son terme, nous en portons la responsabilité par notre engagement constant et notre dévouement envers notre peuple.
Je vous remercie.
Priorité à Kanaky toujours !
Bichou.
LFI, ne rien lâcher pour la libération des 7 militants kanaks.
Jean-Luc Mélenchon, à la pointe du combat pour la libération des 7 militants kanaks a ouvert son meeting d’Aubenas par l’exigence de leur libération immédiate.
Le 12 mai, Mathilde Panot conduisait une délégation en Kanaky à la rencontre des militants kanaks et a participé aux manifestations, un an après la grande manifestation de 80 000 personnes à Nouméa, le 12 mai 2024, hommage aussi aux 14 kanaks qui ont perdu la vie lors des manifestations.