Étiquette : Kanaky

  • Accords de Bougival : quand c’est flou…

    Accords de Bougival : quand c’est flou…

    Alors que les indépendantistes kanaks du FLNKS se réunissent samedi 9 août lors d’un congrès extraordinaire pour déterminer leur position après l’accord dit « de Bougival », le collectif Solidarité Kanaky 58, dont la France insoumise de la Nièvre est membre, dénonce une tentative pour étendre à l’ensemble de la zone pacifique une nouvelle forme de colonisation en prenant appui sur des relations régionales nouvelles développées grâce à la nouvelle nationalité calédonienne. Nous publions son communiqué.

    Le projet d’accord ouvre sur un bilan de l’accord de Nouméa de 1998

    Sur ce point, si nous pouvons acter qu’il y a bien eu transfert de compétences plutôt réussi notamment par exemple sur l’éducation, il n’en est pas de même concernant « la construction d’une citoyenneté propre », qui est dans les faits complètement bafouée (l’application sur le terrain de l’accord sur l’emploi local en est une illustration).

    Rappelons ensuite que les indépendantistes contestent la tenue et, de fait, rejettent le résultat du référendum de décembre 2021, lequel s’est déroulé pendant une période de deuil coutumier suite à la pandémie COVID, empêchant la tenue d’une vraie campagne électorale et aux électeurs de participer. Considérer alors dans un préambule la tenue de ce référendum ne nous semble pas une bonne base.

    Enfin, lorsque l’on sait que la révolte de mai 2024 a été provoquée par le dégel du corps électoral, mais aussi et surtout par le sentiment d’abandon et de non maîtrise de son avenir par la jeunesse calédonienne, acter que les différentes applications de l’accord de Nouméa sont autant d’étapes vers une plus grande maîtrise de leur avenir nous semble bien présomptueux.

    Il nous apparaît donc que l’introduction elle-même part sur des bases faussées !

    Le projet d’accord propose d’offrir à la Nouvelle Calédonie un retour à la stabilité et l’ouverture de nouvelles perspectives

    1. Vote d’une Loi organique par les deux assemblées (Sénat et Assemblée nationale) validée par le Conseil Constitutionnel. Délai approximatif sauf procédure accélérée : discussion devant la 1ère assemblée 6 semaines après le dépôt du projet de loi puis 4 semaines devant la seconde assemblée puis délai de saisine et de prononcé de son avis par le Conseil Constitutionnel.
      Cette loi organique est adoptée après avis du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
      Dans le même temps, la composition du Congrès est modifiée passant de 54 à 56 membres mais le projet d’accord ne détaille pas les conditions… Nous savons juste que Les Îles Loyauté passent de 7 à 5 représentants, la Province Nord de 15 à 14, la Province Sud passe quant à elle de 32 à 37 membres. Un décompte qui manifestement avantage les Loyalistes non indépendantistes, majoritaires dans le sud. Le projet prévoit néanmoins que le Congrès puisse adopter une résolution modifiant les conditions de sa propre élection par une majorité de 36 sur 56…. Alors que la majorité des 3/5èmes se situe à 34 membres….
      Autant de choses qui méritent d’être éclaircies.
    2. Adoption d’une Loi fondamentale dans les années à venir, adoptée et révisable par le congrès à une majorité, cette fois ci, des 3/5èmes. Son rôle restera finalement assez limité : charte des valeurs, organisation territoriale, gouvernance interne…
    3. Création d’une nationalité Calédonienne mais assujettie à la nationalité française… Si vous voulez abandonner la nationalité française, vous êtes exclu automatiquement de la nationalité calédonienne, et bien sûr la pluri nationalité n’est pas abordée.
    4. Redéfinition du corps électoral : sans porter le nom de dégel, le projet d’accord ouvre le droit de vote aux élections aux provinciales et au congrès à toute personne qui réside depuis 10 ans en Nouvelle Calédonie.
    5. La Répartition des compétences donne des pistes quant au transfert de la compétence « Relations Internationales » qui n’est pas vraiment ciblé dans le temps et reste in fine sous le contrôle de l’État Français. Pour les autres compétences régaliennes (Défense, Sécurité et ordre public, Justice, Monnaie), c’est l’État qui reste compétent même si des portes sont entrouvertes pour associer la Nouvelle Calédonie à la politique du « souverain ». Côté « Formation à l’exercice des compétences régaliennes », rien de bien nouveau mis à part la multiplication des classes de défense et de sécurité globale (une façon d’avoir « la main » sur toute une partie de la jeunesse ???) et le renforcement du dispositif Cadres Avenir.

    Les compétences suivantes : règles relatives à l’administration des provinces, des communes et de leurs établissements publics, contrôle de légalité des provinces, des communes et de leurs établissements publics, régime comptable et financier des collectivités publiques et de leurs établissements publics, enseignement supérieur, communication audiovisuelle, pourront être conservées dans les mêmes conditions que précédemment si la loi organique le prévoit.

    Enfin, cette même loi organique à venir pourra prévoir le transfert de l’Agence de développement rural et d’aménagement foncier (ADRAF).

    En résumé, beaucoup de « blabla » pour très peu d’évolution et de capacité d’autonomie, et toujours sous la gouvernance appuyée de l’État français qui reste souverain.

    Le projet d’accord tente ensuite de définir un projet de société et de modèle économique en 4 points

    1. Un pacte de refondation économique et financière complètement contraint par l’idéologie libérale : assainissement des finances publiques, retour à la soutenabilité de la dette publique, relance et diversification économique. Dans les faits, le projet d’accord bloque complètement toute velléité d’une politique économique « de rupture ».
    2. Un plan stratégique pour la filière « Nickel », plan là encore complètement bridé par l’État sans même envisager à quelque moment l’éventuelle nationalisation de la filière….
    3. Un contrat d’engagement sur les politiques publiques prioritaires autour de 2 thèmes ; le projet de société, la jeunesse ; contrat dans lequel on retrouve les thématiques qui avaient déjà été déployées depuis 1998 avec le peu de succès que l’on connait et aucun nouvel engagement susceptible de résorber les points de blocage sociétaux dont la plupart sont liés aux résistances loyalistes à la mise en œuvre d’une véritable politique sociale…
    4. Une gouvernance dédiée sera créée dans le cadre d’une mission interministérielle, elle coordonnera (depuis Paris ?) la mise en œuvre des engagements… notamment à travers l’organisation de démarches de participation citoyenne (dont le subventionnement sera soumis au respect du cadre fixé par l’État ?)

    Une tentative pour étendre à l’ensemble de la zone pacifique une nouvelle forme de colonisation

    En conclusion, nous pourrions être très optimistes et voir ce projet d’accord comme ouvrant de larges perspectives d’avenir avec un cadre dont quasiment tous les périmètres restent à définir… Cependant, ce cadre élargi mais trop indéfini est, en même temps, la raison de nos doutes quant à la réelle volonté de l’État français de décoloniser, alors que l’injonction lui en est faite par les instances internationales…

    Nous aurions davantage tendance à voir dans ce projet d’accord une tentative pour étendre à l’ensemble de la zone pacifique une nouvelle forme de colonisation en prenant appui sur des relations régionales nouvelles développées grâce à la nouvelle nationalité calédonienne.

    Après la remise en liberté conditionnelle des prisonniers politiques, notre collectif entend bien poursuivre ses actions pour faire avancer la cause kanak et la décolonisation partout où des peuples la subissent encore.

    Nous relayons le lien de la cagnotte pour aider à payer les frais d’avocats : https://www.cotizup.com/solidarite-yewa

    Collectif Solidarité Kanaky 58 (ATTAC 58, FA58, La Libre Pensée 58, Les Écologistes 58, LFI 58, Le Mouvement de la Paix 58, Les Soulèvements de la Terre 58, NPA Bourgogne, PCF 58, POI 58)

  • Entretien avec Yewa Waetheane

    Entretien avec Yewa Waetheane

    Yewa Waetheane est l’un des premiers dirigeants de l’Union calédonienne, qui agit avec neuf autres organisations politiques pour l’indépendance de la Kanaky. Il milite aussi, avec ses camarades, dans la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) qui regroupe les organisations politiques indépendantistes, syndicales, associatives, comités de lutte…

    Yewa a 34 ans. Il a grandi au nord de Nouméa, dans sa tribu, avec ses huit frères et sœurs. Après des études professionnelles et le Bac, il a étudié en France pendant 6 ans et obtenu un diplôme de sociologie. Études finies, il est retourné dans son pays, la Kanaky et

    Nous l’avons rencontré dès sa libération de la maison d’arrêt de Nevers où il était emprisonné depuis 346 jours, déporté le 23 juin 2024 comme six de ses camarades dirigeants indépendantistes suite aux manifestations réunissant jusqu’à un quart de la population de la Kanaky contre le projet de dégel du corps électoral que voulait imposer Macron et son gouvernement.

    Depuis la décision le 12 juin dernier de la Cour d’appel de Paris d’ordonner leur libération, cinq ont été interdits de regagner la Kanaky, leur pays. Yewa est donc loin de sa tribu, de ses camarades indépendantistes qui mènent le combat pour la fin de la colonisation française.

    Yewa, quelle est la situation du peuple kanak aujourd’hui ?

    Le 13 mai 2024, le soulèvement du peuple kanak a eu lieu contre le dégel du corps électoral qui remettait en cause les accords de Nouméa et les articles 76 et 77 de la Constitution.

    La situation pour le peuple kanak est de plus en plus précaire. Des milliers d’emplois ont été supprimés depuis l’an dernier, les services publics sont en lambeaux, l’Hôpital Nord est fermé, le pouvoir d’achat est en nette régression. Dans le sud de l’île, le salaire moyen pour les loyalistes et les colons est d’environ 473 000 francs Pacific, dans le nord, 132 000.

    Dans le nord, les gens vivent quasiment dans des bidonvilles, le manque de médecins est catastrophique, c’est la politique menée contre le peuple kanak par l’État français et les colons sur place.

    Quelles sont les grandes revendications pour arriver à l’indépendance ?

    D’abord, il faut que l’audiovisuel revienne au peuple kanak, comme les droits régaliens qui sont, aujourd’hui, aux mains de l’État français. Il faut, ensuite, que nous puissions voter notre budget car, aujourd’hui, nous sommes sous le joug français avec les coupes budgétaires qui s’appliquent en France mais aussi en Kanaky.

    Le mouvement indépendantiste kanak, dans son ensemble, a les moyens de gérer le pays. Il y a des richesses comme le nickel, la biodiversité marine, le pétrole, le gaz et dans le domaine de l’agriculture, nous avons les compétences, nous pouvons nous détacher, sans problème, de l’État français.

    D’ailleurs, la preuve en est que dix-sept communes sur trente-sept et une province sur trois sont gérées par le mouvement indépendantiste.

    Le problème de la Kanaky est que l’État français nous met un budget à l’équilibre, ne nous permet pas d’emprunter comme un pays souverain et nous prive de notre souveraineté.

    L’ONU et le droit international ne sont pas respectés par la France ?

    Le président français et les gouvernements successifs font mine de négocier mais ne respectent pas les résolutions de l’ONU. La Kanaky est un des dix-sept pays dans le monde qui doit être décolonisé selon l’ONU.

    Pourtant, notre souveraineté est le seul moyen de recouvrer l’indépendance après 172 ans sous colonisation française.

    Nous entendons être un pays indépendant, qui fait vivre la démocratie, notamment par ses actions de terrain avec la population, et la coordination et l’échange avec d’autres pays.

    Les accords de Nouméa doivent être respectés et la Kanaky doit devenir un pays souverain au plan international.

    Bien entendu, nous ne lâcherons pas et la majorité du peuple kanak est pour l’indépendance. Les organisations politiques indépendantistes et la CCAT continueront à négocier et à agir jusqu’à l’indépendance.

    Propos recueillis par Jean-Charles Marquiset

  • Soirée de soutien aux prisonniers kanaks déportés en France

    Soirée de soutien aux prisonniers kanaks déportés en France

    23 juin à 19h30 22h00

    Depuis plus de 35 ans, la Nouvelle-Calédonie est entrée dans un processus de décolonisation qui n’est pas achevé. Ce processus a été stoppé après 2020 et, il y a un an, des révoltes éclataient contre la remise en cause de ce chemin vers l’émancipation et des militants étaient arrêtés et déportés en France. L’un d’eux, Erwann, a été emprisonné un an à la maison d’arrêt de Nevers.

    Les organisations co-organisatrices de la soirée : la France Insoumise 58, Attac 58, La Libre Pensée 58, Les Écologistes 58, PCF 58, le Mouvement de la Paix 58, NPA Bourgogne, POI 58, les Soulèvements de la terre 58.

    Programme de la soirée :

    • Projection du film de Mehdi Lallaoui « La trajectoire (interrompue) du Caillou » en présence du réalisateur
    • Info débat avec Mina Kherfi (Ustke), Erwann et des militant·es kanaks.

    LFI 58

    Voir le site Organisateur

    Hôtel du Nivernais

    1, avenue Louis Fouchère
    Varennes-Vauzelles, 58640 France
    + Google Map
  • Liberté pour Erwan, ses camarades, militants politiques kanaks incarcérés en France

    Liberté pour Erwan, ses camarades, militants politiques kanaks incarcérés en France

    Le lundi 19 mai, le Collectif de la Nièvre pour la libération d’Erwan et de ses camarades prisonniers politiques, dont la France Insoumise dans la Nièvre est membre, a organisé un nouveau rassemblement devant la Maison d’arrêt de Nevers. Fenua, compagne d’Erwan, a pris la parole expliquant qu’Erwan était auditionné depuis le matin au Tribunal de Paris, que son avocat allait redemander sa mise en liberté.

    Jean-Charles Marquiset, co-référent·e Gestion des relations unitaires de LFI58 a pris la parole au nom du Collectif. Nous publions ci-dessous son intervention, ainsi que le texte que Christian Tein, responsable du FLNKS, a envoyé à ses camarades qui tenaient Convention nationale du FLNKS en Kanaky, lu à ce rassemblement par Wilfried Gay.

    Chers amis, chers camarades, le Collectif de la Nièvre pour la libération d’Erwan et des prisonniers politiques kanaks vous remercie d’avoir répondu aujourd’hui à notre appel de rassemblement.

    Il y a un an, Macron tentait d’imposer le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, la Kanaky, une mesure ayant pour objectif et pour conséquence de rendre minoritaire le peuple kanak sur sa propre terre.

    Le 12 mai 2024, plus de 80 000 kanaks ont manifesté dans Nouméa. Le nombre d’habitants de la Kanaky est d’environ 250 000 habitants. Cette mobilisation d’ampleur montre le rejet de la politique colonialiste de l’État français. Depuis 1853, la Nouvelle-Calédonie, la Kanaky, est une colonie française pour que la France reste la deuxième puissance ultramarine du monde.

    Il y a 331 jours, Erwan et six de ses camarades, dont deux mamans, militantes et militants du FLNKS et de la Cellule de coordination des actions de terrain, la CCAT et l’Union kanak calédonienne, étaient déporté·es en France et incarcéré·es dans diverses maisons d’arrêt, comme Erwan à Nevers, qui était aujourd’hui entendu au tribunal de Paris en audition.

    Les militants kanaks sont des prisonniers politiques parce qu’ils portent une parole politique dans le cadre de la demande d’indépendance de la Kanaky.

    Faut-il rappeler que ces militant·es politiques et syndicalistes ont été jeté·es dans des avions, menotté·es, entravé·es, séparé·es de leur pays, de leurs familles et de leurs camarades ?

    Le gouvernement français continue de les tenir séquestrés depuis 331 jours, sans jugement. Ces militants kanaks sont des prisonniers politiques parce qu’ils portent une parole politique dans le cadre de la demande d’indépendance de la Kanaky. De même, ce sont 150 manifestants qui sont encore en prison en Kanaky depuis mai dernier. Ceux qui sont libérés ont interdiction de regagner leurs tribus, de retourner dans leurs communes.

    Comment le gouvernement français ose-t-il poursuivre cette politique de répression, contre des jeunes, des militants qui revendiquent justice et indépendance. Faut-il rappeler la répression sanglante qui a coûté la vie à 14 personnes dans ces manifestations ? Pour leur rendre hommage, une marche a été organisée, le 13 mai 2025, à Houaïlou en Kanaky.

    D’ailleurs, Macron a retiré sa loi sur le dégel électoral, alors, liberté immédiate pour Erwan, pour ces camarades, pour ces jeunes en Kanaky, pour le droit à leur retour à leurs tribus et leurs villages.

    Chers amis, chers camarades, on ne peut pas fermer les yeux sur ce que le gouvernement français est en train de faire, en notre nom, en Kanaky. Nous savons que la situation sur place est catastrophique. Nous n’acceptons pas la situation sociale qui s’aggrave sur l’île et leurs conséquences que le peuple kanak subit de plein fouet.

    Des collectifs existent dans chaque ville où sont incarcérés ces militants politiques. Des collectifs actifs, des rassemblements, pour rompre avec le silence médiatique de la presse aux ordres.

    Il y a aussi, en plus des collectifs, la pétition nationale, signée par 1000 dirigeants politiques, syndicaux, associatifs et le Comité international contre la répression qui s’est rendu, le 12 mai, au ministère de la Justice et qui a trouvé porte close. Ces militants et députés ont organisé, dans la foulée, une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour exiger la libération de tous ces prisonniers politiques.

    Aujourd’hui, Solidarité Kanaky et le MKF ont organisé un rassemblement, devant le tribunal de Paris, pendant les auditions des militantes et militants kanaks auditionnés comme Erwan.

    Nous ne lâcherons pas cette exigence de libération immédiate.

    Nous appelons aussi à la solidarité financière pour soutenir ces militants, comme Erwan, et leur droit à la défense, eux qui sont déportés à 17 000 Km de chez eux.

    Solidarité, soutien indéfectible aux militantes, aux militants, à leurs camarades et leurs familles.

    Mot d’ouverture du Président du FLNKS, Christian Tein, toujours incarcéré en France à Mulhouse

    À la Grande chefferie Ouetcho
    Aux autorités coutumières de l’aire Djubea-Kapumë
    Cher(e)s responsables politiques, membres du Bureau politique,
    Cher(e)s camarades,
    Mesdames et messieurs,

    Je vous adresse avant toute chose mes salutations respectueuses à l’ouverture die cette convention du FLNKS que j’ai appelé de mes vœux.

    A l’heure où j’écris ces lignes, il est crucial d’examiner le contexte politique actuel avec lucidité. De là où je suis depuis 10 mois, je ressens que nos représentants doivent impérativement faire preuve de courage, de ténacité, de témérité, de rigueur et de vigilance à l’approche de la prochaine séquence politique. Il est essentiel de préserver une confiance indéfectible et de souligner les responsabilités qui incombent aux représentants désignés par les structures de terrain, afin qu’ils puissent efficacement porter notre voix lors les discussions sur l’avenir de notre pays.

    J’ai eu l’occasion de partager ma position aux responsables du Bureau politique et aux membres de J’équipe de discussion concernant le projet d’accord politique que l’État français a élaboré à la suite des séquences qui ont eu lieu.

    À l’occasion de cette convention du Front, c’est à l’ensemble des militant·e·s que je m’adresse.

    Lorsque la décision de renouer le dialogue avec la puissance administrante a été prise, il s’agissait avant tout de le faire dans un objectif clair : défendre la trajectoire qui mènera à la pleine souveraineté et à l’indépendance de la Kanaky.

    La motion adoptée au 44ème Congrès du FLNKS à Saint-Louis précise que la phase préparatoire de discussions a pour objet de poser les bases des futures négociations à savoir le format, le calendrier, la méthode et le contenu. Beaucoup d’éléments sont inscrits de manière détaillée dans nos travaux et doivent être utilisés face à l’État car le projet d’accord version Valls ne correspond pas à nos propositions mais plutôt à un énième statut au sein de la République, prolongeant ainsi la colonisation pour plusieurs années.

    Nos opposants locaux font beaucoup de surenchère à coup d’annonces contradictoires et de lobbying inutile visant à nous déstabiliser et à prendre à leur compte les leviers d’action que nous devrions renforcer. Soyons proactifs et ne minimisons pas leur capacité de nuisance !

    Je tiens à rappeler que les rencontres bilatérales sont le format privilégié entre le FLNKS, représentant le peuple colonisé, et ]’État français. Depuis le 12 décembre 2021, date de la 3ème consultation illégitime à l’occasion de laquelle l’État a bafoué les principes du droit international, les modalités ont changé car l’État français et les non-indépendantistes ont décidé de se présenter de manière unifiée, contrairement aux règles établies. Cette décision a engendré une rupture de la posture de neutralité et d’impartialité que l’État s’était engagé à maintenir depuis les accords politiques antérieurs. Dans ce contexte, il est impératif de privilégier le format bilatéral avec la puissance administrante et la supervision de l’ONU.

    Je recommande également que la convention du FLNKS acte un renforcement de l’équipe de discussions et de l’équipe technique. Nous entamons une période critique, il faut davantage optimiser nos ressources humaines pour faire face à cette situation. Les affiliations politiques ne devraient pas constituer le principal critère de désignation ; l’accent doit être mis sur la valeur ajoutée que chaque personne peut apporter.

    Il est crucial de clarifier notre calendrier face à celui de l’État, et la motion des 4 cocotiers définit précisément le phasage des séquences. La flexibilité des discussions ne doit en aucun cas remettre en question cet élément fondamental de notre trajectoire. La signature de l’ Accord de Kanaky devra intervenir au plus tard le 24 septembre 2025 et devra préciser la date effective d’accession à l’indépendance avant la fin du mandat présidentiel en 2027 incluant une période de transition – la plus courte possible – afin opérer les transformations nécessaires pour faire accéder la Nouvelle-Calédonie – disposant actuellement d’une autonomie renforcée – à un Etat­-nation souverain. Le choix des interdépendances interviendra dans un second temps par des accords de coopération.

    En ce qui concerne la méthode, c’est notre vision d’un pays souverain qui orientera notre stratégie, et non l’inverse. Par conséquent, j’ai proposé de travailler sur notre projet de société afin de le renforcer et de le mettre à jour. Je veux être clair sur ce point, sans une vision clairement définie par nos valeurs et nos objectifs, nous ne pourrons pas élaborer une stratégie efficace pour sa mise en oeuvre. C’est une évidence : seul un travail rigoureux portera ses fruits. La convention d’aujourd’hui devra formaliser une méthode rigoureuse pour promouvoir un débat constructif sur les aspirations des militants du FLNKS concernant notre pays souverain et atteindre les résultats escomptés.

    Enfin, s’agissant du contenu, l’Accord de Nouméa demeure la base des négociations futures. Ainsi, étant donné que nous poursuivons dans la continuité de cet accord, les principaux éléments à intégrer dans l’accord de Kanaky porteront prioritairement sur l’exercice du droit à l’autodétermination, le transfert des compétences régaliennes, le corps électoral citoyen qui deviendra à terme la nationalité ainsi que le statut international de pleine responsabilité. Il est impératif que le processus de décolonisation soit mené à son terme, avec la souveraineté complète comme objectif ultime et condition indispensable à une paix durable pour les habitants de la Kanaky.

    Mes cher.e.s camarades, ce doit être le dernier accord avec notre colonisateur : l’accord de Kanaky pour notre dignité et notre souveraineté. C’est cet état esprit qui doit animer chacun d’entre nous en impliquant le respect de soi, de notre peuple et ensuite de nos interlocuteurs. Ces efforts sont un gage de reconnaissance pour le travail légué par nos anciens, un hommage au sang versé pour la lutte et un héritage pour les générations futures.

    Je vous demande de mettre tout en œuvre pour que l’ensemble de la mouvance indépendantiste se retrouve aujourd’hui autour de ces enjeux cruciaux et non pas pour des calculs électoralistes en prévision des prochaines provinciales.

    La lutte pour l’indépendance de la Kanaky doit être poursuivie jusqu’à son terme, nous en portons la responsabilité par notre engagement constant et notre dévouement envers notre peuple.

    Je vous remercie.

    Priorité à Kanaky toujours !

    Bichou.

    LFI, ne rien lâcher pour la libération des 7 militants kanaks.

    Jean-Luc Mélenchon, à la pointe du combat pour la libération des 7 militants kanaks a ouvert son meeting d’Aubenas par l’exigence de leur libération immédiate.

    Le 12 mai, Mathilde Panot conduisait une délégation en Kanaky à la rencontre des militants kanaks et a participé aux manifestations, un an après la grande manifestation de 80 000 personnes à Nouméa, le 12 mai 2024, hommage aussi aux 14 kanaks qui ont perdu la vie lors des manifestations.

  • Mathilde Panot en Kanaky, manifestation le 19 mai à Nevers pour la libération des Kanaks

    Mathilde Panot en Kanaky, manifestation le 19 mai à Nevers pour la libération des Kanaks

    Le 19 mai, LFI58 manifestera pour exiger la libération des Kanaks déportés, dont Erwann, à Nevers, deux jours après le retour de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) de Mathilde Panot, en visite pour huit jours avec Bastien Lachaud, venus rappeler que les Insoumis défendent le droit des peuples à disposer d’eux même et l’objectif d’émancipation prévu par l’accord de décolonisation de Nouméa.

    Un an après les émeutes survenues en Kanaky (Nouvelle-Calédonie) et alors que Manuel Valls vient de repartir du Caillou après un nouvel échec à obtenir un accord, sept responsables indépendantistes arrêtés en juin dernier et transférés de force dans l’Hexagone sont toujours emprisonnés. L’un d’eux, Erwan, incarcéré dans la Nièvre, sera auditionné le 19 mai au tribunal de Paris. LFI58, membre du Collectif de la Nièvre pour leur libération, sera présence ce jour-là devant la maison d’arrêt de Nevers pour exiger leur libération immédiate (retrouvez les infos pratiques pour nous rejoindre ici).

    La Kanaky, appelée par l’État français Nouvelle-Calédonie, est un colonie : elle est l’un des 16 territoires que l’ONU considère comme « non décolonisés ».

    À leur arrivée à Lifou, Mathilde Panot et Bastien Lachaud ont été reçus par les grandes chefferies coutumière, puis accompagnés par un cortège de la CCAT, par le maire de Lifou, la 2ème vice présidente de la Province des îles ainsi que des responsables de partis et syndicats.

    « C’est très important pour nous d’être là, pour honorer ceux qui ont perdu la vie dans ces évènements il y a un an. C’est très important pour vous assurer qu’il y a des partenaires dans la France hexagonale, qui refusent qu’on nie à un peuple le droit à l’autodétermination, qui refuse qu’on dise que le processus de colonisation serait arrivé à son terme, avec un troisième référendum que nous considérons nous aussi comme illégitime », a déclaré à son arrivée Mathilde Panot.

    « L’objet de notre visite c’est aussi de faire un bilan de la situation sociale, sanitaire, économique. Nous savons qu’elle est extrêmement difficile et nous sommes là avant tout pour dire que nous vous soutenons, nous sommes à votre disposition aux côtés des parlementaires. Nous refusons qu’il y ait à nouveau des passages en force qui seraient évidemment catastrophiques ».

    Après Lifou, les deux députés se rendront à Koné, à Houailou, à Canala et enfin à Nouméa où des rencontres sont prévues avec les acteurs politiques et institutionnels.

  • Rassemblement pour la libération immédiate des militants kanaks incarcérés en France

    Rassemblement pour la libération immédiate des militants kanaks incarcérés en France

    19 mai à 18h00 19h00

    Depuis bientôt un an, Erwan est incarcéré à la maison d’arrêt de Nevers, pour avoir manifesté son opposition à la modification du corps électoral en Kanaky (Nouvelle-Calédonie). La déportation et l’emprisonnement politique n’ont pas leur place en République !

    Mai 2024 : Macron et son gouvernement veulent modifier le corps électoral en Kanaky (Nouvelle-Calédonie). En fait, empêcher la fin de la colonisation.

    Des manifestations d’une ampleur jamais égalée (80 000 personnes à Nouméa) ont lieu pendant plusieurs jours. 

    Sept des premiers dirigeants du FLNKS et du CCAT sont arrêtés puis déportés en France et sont en prison depuis le 23 juin. Depuis, Macron et son gouvernement ont retiré le texte. 

    Le Collectif de la Nièvre pour leur libération, celle d’Erwan qui sera auditionné le 19 mai au tribunal de Paris, organise ce jour un nouveau rassemblement devant la maison d’arrêt.

    Toutes celles et ceux attachés aux libertés, au droit de manifester, sont invités à se rassembler pour exiger la libération immédiate de ces dirigeants kanak et de l’arrêt des poursuites à leur encontre.  

    Outre La France Insoumise dans la Nièvre, appellent à ce rassemblement : Attac 58, le Mouvement de la Paix, la Libre pensée 58, le Parti ouvrier indépendant, EELV et le PCF.

    LFI 58

    Voir le site Organisateur

    Hôtel du Nivernais

    1, avenue Louis Fouchère
    Varennes-Vauzelles, 58640 France
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