Succès de la soirée de soutien aux militants kanaks

Erwan Waetheane à Varennes Vauzelles le 23 juin 2025

Après 346 jours d’incarcération en France, Erwan (Yewa) Waetheane a été libéré le 12 juin 2025. Le 23 juin, le Collectif 581 pour la libération des prisonniers politiques kanak et la fin du colonialisme français en Nouvelle Calédonie organisait à Nevers une soirée de solidarité avec le peuple et des militant·es kanaks.

Le 12 juin, en plus d’Erwan, ils étaient quatre à sortir de prison, Christian Tein, président du FLNKS, et ses camarades de la CCAT2, Steeve Unë, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama. Brenda Wanabo et Frédérique Muliava avaient déjà été libérées. Les cinq militants kanak libérés le 12 juin ne peuvent retourner en Kanaky, ils sont donc toujours déportés à 17 000 km de chez eux, avec un contrôle judiciaire strict.

Les 70 personnes présentes dans la salle du CASI à Nevers ont, bien entendu, accueilli Erwan et sa compagne Fenua comme il se doit, sous les applaudissements et fêté comme une première victoire leur libération, après un an de mobilisations (voir par exemple notre article ici)

Avant de commencer le débat, le film La trajectoire du caillou a été projeté en présence de Mehdi Lallaoui, réalisateur du film.

En mai 2024, des manifestations gigantesques, regroupant jusqu’à 60 000 manifestants, ont eu lieu en Kanaky parce que Macron et son gouvernement voulaient dégeler le corps électoral alors que l’accord de Nouméa avait fermé toute nouvelle inscription de nouveaux arrivants en Kanaky. En fait, il s’agissait d’établir définitivement la colonisation française, avec 20 000 électeurs supplémentaires venus de France.

Douze jeunes Kanaks ont été tués par les gendarmes, des membres des milices de colons, des assassinats purs et simples, puisque bon nombre ont été tués d’une balle dans le dos.

Les quartiers populaires se sont révoltés. Un trop plein d’humiliation, une révolte politique et sociale. Face à ces manifestations, la réponse de Macron et de son gouvernement a été la répression, 4 000 forces de l’ordre, le GIGN, 3 000 arrestations, 250 mandats de dépôt, la déportation des sept militants kanak, dirigeants d’organisations indépendantistes, déportés en France dans des conditions abjectes et humiliantes.

Une mutinerie de tous ces jeunes incarcérés pendant les manifestations a éclaté dans la prison de Nouméa.

Suite aux manifestations, 70 Kanaks ont été emprisonnés en France, considérés comme des prisonniers de « droit commun ».

Macron a bafoué le droit international en déportant tous ces prisonniers en France

La situation est dramatique. 11 000 emplois privés ont été supprimés, les hausses des prix sont fortes, les discriminations grandissent, les punitions collectives menées par les loyalistes qui suppriment, dans une partie du territoire, les aides sociales aux kanak, suppression des bourses, un tiers des travailleurs est en dessous du seuil de pauvreté, ils vivent dans des bidonvilles, la vie est très chère et le Smic est plus bas qu’en France, les déserts médicaux grandissent…

La peur de la victoire du vote pour l’indépendance de la Kanaky est l’obsession de Macron et de ses soutiens, qui refusent pour l’instant d’appliquer le droit international.

C’est dans ce cadre qu’en plein Covid ils ont maintenu le référendum, un simulacre de démocratie, alors que le peuple Kanak demandait le report d’un an car fortement touché par la pandémie et, en deuil de leurs proches et familles, ils n’ont pas voté. Ce qui fait dire à nombre de kanak, « notre combat est un combat d’avenir pour l’indépendance, nous préférons être libres dans un pays pauvre. » Pourtant la Kanaky n’est pas un pays pauvre. 25 % du Nickel mondial est produit en Kanaky et le pays a bien d’autres richesses.

Erwan a rappelé « les victimes de l’histoire, le devoir de mémoire et que les organisations indépendantistes kanak ont les moyens de gouverner la Kanaky. » Seule la volonté de Macron et de son gouvernement de rester la deuxième puissance ultramarine et de piller les richesses comme dans les autres colonies françaises empêche les Kanak de disposer d’eux-mêmes.

La France est régulièrement rappelée à l’ordre par l’ONU pour trouver des solutions pour en finir avec ses colonies.

Le Collectif 58 va poursuivre ses initiatives car la libération des sept militants kanaks est un premier succès mais il faut continuer les actions pour l’abandon définitif des poursuites, l’arrêt des procédures, le retour des militants dans leur pays et pour en finir avec le colonialisme et la politique de Macron et de ses soutiens.

  1. Le Collectif 58 : LFI 58, PCF 58, POI 58, NPA Bourgogne, La Libre pensée 58, Attac 58, le Mouvement de la paix 58, Le soulèvement de la terre 58 ↩︎
  2. CCAT : Cellule de coordination des actions de terrain. ↩︎